Mélisandre Fernet -

L'équipement de votre personnage.

L'équipement, c'est tout le métier de Mélisandre. Corde de chanvre ou de jute ? Outre de fer ou en peau ? En passant par les différents types d'éclairage selon les propriétés de l'endroit ( non, vous ne voulez décidément pas vous enfumer avec votre propre torche dans les souterrains d'un vieux temple ) ? Sauf que voilà; l'aventure n'est pas vraiment le pain quotidien de la dame qui n'emporte avec elle, pour ainsi dire, pas grand chose.

Ainsi, possède-t-elle une fine dague bien cachée sous ses jupons - sait-on jamais - sans grandes compétences de combat pour l'utiliser. Néanmoins, son inventaire quotidien consiste plutôt en ( l'un des ) son épais livre de recensement d'équipement alloué/vendu, un nécessaire à écrire - dont une très belle plume blanche touffue -, une petite fiole de parfum ( de quoi s'oindre derrière les oreilles d'une senteur de lilas tout au cours de la journée ), un mouchoir blanc décoré d'une dentelle fleurie de couleur prune, une petite loupe pour les écritures en pattes de mouche et enfin, caché au creux d'une poche doublée, une fiole d'alcool -relativement fort-. Un péché peu distingué qu'elle préfère garder d'ordre privé.

Physique de votre personnage

Minuscule, est l’adjectif premier qui vient en tête, lorsque le regard se pose sur la dame. Tant que le monde autour d’elle ne semble pas adapté à sa stature. La petite au pelage blanc se noie derrière ses épais livres, se perd derrière l’étendue du comptoir, si bien qu’elle a besoin d’un haut tabouret pour y siéger. C’est qu’elle a bien deux à trois têtes de moins vis-à-vis de l’individu moyen et la demoiselle – elle n’est pas mariée – trottine énergiquement pour se rendre d’un point A à un point B. Son museau, qu’elle a petit et félin, levé le plus clair de son temps, Mélisandre ne passe, pour autant, pas inaperçue.

Coquette, son pelage blanc est soigneusement brossé, coiffé et gardé en place par une broche à cheveux sur son front. Et cette élégante dame aux longs cils passerait presque pour une noble, tant ses vêtements sont soignés. Cependant, pour l’œil connaisseur, ces derniers ne sont pas des plus riches tissus, bien qu’ils le singent comme il le faut. Leurs formes délicates et belles couleurs font ressortir le poil clair de la furry. Grandes robes et jolies parures sont son pain quotidien, et il n’y a nul doute que la dame désire avoir l’air plus distinguée que sa naissance ne l’est. Ses mimiques, elles-mêmes, sont travaillées pour la faire paraitre plus raffinée. Mélisandre évite les grands gestes, tout comme de montrer un visage beaucoup trop expressif, préférant les sourires pudiques aux grandes présentations de dents.

Malheureusement, bien des détails la rapprochent plus de la bourgeoise qu’elle est, que de l’aristocrate. Ses longues oreilles trépignent et tremblent, même quand elle ne veut laisser apparaitre qu’un visage stoïque, pendant que ses grands yeux aux prunelles azurés ne sont pas moins que l’équivalent d’un livre ouvert. Son pelage, malgré tout le soin qu’elle y met, s’évade en petites boucles sauvages à la base, et à l'extrémité, de ces mêmes oreilles et de sa nuque. Et ses petites mains griffues, bien que moins abimées que la moyenne, portent les traces d’un certain labeur. Tout cela, quand elle ne se trouve pas obligée de ramper dans la poussière de la réserve pour y déceler le dernier bouclier de la journée. Alors, Mélisandre s’épuise, à jouer l’illusion. Mais, si ses manières et son allure sont capable de plaire à au moins une seule personne, elle considère que ça en vaut la peine.

Psychologie de votre personnage

Mélisandre s’essaye à la douceur. Délicatesse du geste et pudeur d’expression. Si sa nature avait été toute autre, nulle doute que l’usage aurait suffi pour son image. Seulement, le caractère de la dame est loin d’être une sinécure. Elle bouillonne, intérieurement, si fort que son énergie transpire sous son pelage, comme si cette dernière était trop grande pour être contenue au sein de son corps. Une fille du peuple, sous ses atours de délicatesse, un félin, sous cette carrure de rongeur. Si Mélisandre aspire à la parcimonie, son émoi, lui, pousse à l’excès de ses réactions.

En effet, malgré ses allures de frêle élégance, son cœur l’incite à l’explosion. Sa patience, malheureusement moindre par rapport à ce dont elle rêverait, s’émiette fébrilement pour peu que l’on touche à sa fierté, ou tout autre point sensible. Ah, Mélisandre n’est décidément pas faite pour être un joli sourire pâle, le genre à susurrer de douces et sages paroles. Parfois, ses mots dépassent sa pensée et elle se choque de son propre langage. On ne lui croirait pas, à la voir, mais la vulgarité est une chose très tenace, quand bien même on la combattrait depuis des lustres. Ainsi lui arrive-t-il d’échapper des mots qui lui font pourtant se redresser les poils sur son corps et, pour une autre personne, qu’elle aurait absolument fustigée voire, tapé sur le bout des pattes. Hypocrite à sa façon, se pâmant de belles manières en dédaignant ceux qui ne savent pas se tenir, tout en étant elle-même loin d’être irréprochable.

Néanmoins, son intention est à la fois louable et sincère. Mélisandre voudrait être meilleure personne et elle soupire, parfois, en rêvant d’approcher la noble cour de Risua. Elle espère, peut-être un peu naïvement, que ses efforts lui permettront de se faire remarquer par un riche nanti. Pour autant, un embarras tenace la retient, l’empêchant de saisir les occasions qui lui permettraient de se présenter, et ce, même quand la chance lui permet d’approcher un noble d’assez près. C’est que l’excitation et l’enthousiasme la rendent maladroite, la furry. Elle perd ses moyens et la situation va de mal en pis dès le moment où elle réalise son propre comportement. Alors elle s’énerve, envers elle-même, envers un fléau invisible qui lui aurait cogné dans les pattes. Comédienne jusqu’à un certain niveau – celui de ses émotions – le masque tombe et Mélisandre dévoile une nature plus brute, franche, atrocement roturière.

Forgée par l’effort, là où elle envie, idéalise même, le sang noble, la semi-rate ne manque cependant point de ténacité. C’est qu’elle en ferait même plier des trois fois plus large qu’elle, la Fernet. Autoritaire aux portes de l’intransigeance, fiévreusement agrippée à ses principes, il lui faut faire preuve de bien d’abnégation, ainsi que de contrôle, pour maîtriser ses tendances dominatrices. Après, sa propension à être sensible aux cadeaux peut aisément faire céder l’élégante furie mais, d’une manière générale, son respect profond envers la hiérarchie suffit, malgré un certain goût amer qui pourrait demeurer sur le bout de la langue, surtout si Mélisandre est assurée d’être en raison. C’est qu’elle a confiance en ses convictions, la gérante, tout comme ses engagements.

En effet, si Mélisandre ne rechigne pas à mentir pour le mieux – en espérant que la comédie fera son effet –, cette dernière ne possède qu’une parole. Et la dame est absolument prête à s’investir pleinement pour une promesse, ou un service rendu. Loin des préoccupations chevaleresques, bien que celles-ci font battre son cœur sensible, Mélisandre tient à son honneur. Tout comme elle se sent profondément impliquée lorsqu’il s’agit du regard d’autrui. Tristement, la semi-féline mentirait, si elle affirmait se moquer de l’avis du quidam. La réputation compte, à son sens, comme un facteur important. Et, si elle accepte de croire qu’une personne n’est pas forcément représentée par la couleur de sa notoriété, elle a tendance, néanmoins, à sentir sa propre opinion grandement influencée par cette dernière.

Ainsi considère-t-elle qu’il est préférable de cacher certaines choses aux yeux indiscrets. Après tout, il est bien plus distingué que d’afficher une apparence lisse de toute aspérité déplaisante. Alors, Mélisandre s’inquiète à camoufler ses travers, en particulier, un goût prononcé pour l’alcool. Elle se console, parfois, se trouve des excuses en se disant qu’il s’agit d’une habitude familiale et que, ayant grandi au sein d’un foyer majoritairement masculin, elle ne pouvait qu’être entrainée par celle-ci. De la même manière, la furry retient une grande appréciation pour la fête et les danses, et, ces dernières ne consistent pas en nobles menuets. Moins ‘‘coincée’’ qu’on ne l’y prendrait à première vue, se fustige néanmoins pour ce qu’elle juge comme ses défauts.

Mais Mélisandre n’est pas dénuée de cœur pour autant. Si elle se trouve bien plus barbare qu’elle ne désirerait l’être, elle ne reconnait pour autant pas cette propension qu’elle possède à protéger ceux qui lui sont chers. Véritablement, elle est capable d’être une épaule plus que réconfortante voire, compréhensive. Enfin, si Mélisandre devait choisir entre préserver sa contenance et son apparat, contre partir en croisade face à une personnalité qui dérangerait ses pairs, nul doute qu’elle n’hésiterait pas à déchirer ses jupons et sortir les griffes.

L'histoire de votre personnage

« Votre nom, ainsi que celle de votre guilde. Vous désirez ? »
La fin de journée approchait et la fatigue faisait oublier à Mélisandre les plus basiques formulations de politesse. Néanmoins, elle n’eut pas le temps de se corriger d’un ‘‘S’il vous plait’’ que le Guépard s’époumonait en longue commission, plus fournie en explications lourdes qu’en réelles indications, tandis que la petite furry terminait de noter les informations demandées. Attendant la fin de l’interminable tirade du mâle avec une patience qui s’amenuisait subrepticement, son état à mi-chemin entre l’écoute et la torpeur fut troublé par une agitation entre deux hommes qui se bousculaient plus loin dans la file. Alors, la dame se redressa sur son haut tabouret et leva la main en signe d’excuse avant de tapoter le comptoir « Eh, doucement vous deux-là ! Ne poussez pas et attendez votre tour ! »
« On s’enracine ici ! » qu’elle entendit répondre sans pouvoir mettre de visage sur cette voix, et choisit de ne pas répondre en levant les yeux au ciel. Dans un soupir audible, Mélisandre s’exprima vis-à-vis de l’aventurier qui lui faisait face :
« Poursuivez, je vous prie. »
Mais, puisque celui-ci s’enlisait dans des descriptions douteuses d’armes, elle secoua la tête et le coupa : « Vous êtes un nouvel aventurier vous, non ? » et la gêne sur le visage du léopard suffit à lui donner une idée approximative de la réponse. Elle poursuivit alors, secouant sa plume machinalement entre ses doigts : « Fort bien. Ce que vous vouliez me dire, c’est que vous allez avoir besoin d’un équipement de base. Epée, bouclier, cordages, toile, sac, probablement de quoi harnacher un cheval. Vous montez n’est-ce pas ? » Il acquiesça « Bien. » On arrivait à quelque chose, enfin. « Je vais vous amener l’équipement de base de l’aventurier. » et, non sans songer que si le citoyen avait commencé par ça, se serait allé bien plus vite, Mélisandre descendit de son perchoir pour s’en aller chercher ce qu’elle avait deviné depuis belle lurette et enfin régler l’affaire de ce client.

Mélisandre n’était pas ennuyée par son travail, loin de là. Il lui permettait de rencontrer toutes sortes de personnes, un avant-goût de l’aventure, pourrait-on dire. Et, quand bien même la furry détonnait au milieu de ces personnalités intrépides qu’elle côtoyait à longueur de journée, elle avait appris à les apprécier. Eux et leur manières quelques peu brutes, ce langage qu’elle trouvait souvent si châtié, et aussi …
« Ah non ! Non ! » S’offusqua-t-elle en contournant le comptoir. « Nettoyez-moi vos chausses avant de venir me voir et plus vite que ça ! Ouste ! »  Les joues rouges et ses minuscules poings serrés sur les hanches, elle avisait les traces de boue ramenées par un nouvel aventurier. Si Mélisandre pouvait supporter bien des choses, il était absolument hors de question que l’on vienne crotter le plancher de son bureau ! La dame avait ses airs de grandeurs et ses principes. Un peu d’ordre et beaucoup de prévoyance. C’était ainsi qu’elle avait été élevée. Pas qu’elle venait d’un noble foyer, loin de là. Son père, le vieux Rodrick gagnait son pain par le biais de la forge familiale, celle qui leur avait probablement offert ce nom, ainsi qu’à leur ancêtre. Fernet. Fer né, nés dans le fer, voilà qui ne semblait pas bien difficilement trouvé pour une famille de forgerons. L’entreprise avait connu une certaine popularité, à une époque, de quoi amasser fier pécule et offrir aux dernières générations – dont Mélisandre faisait partie – une éducation plus que convenable. Et, de leur côté, les enfants Fernet ne s’étaient jamais vraiment fait remarquer pour leur fantaisie, jusqu’à l’âge de raison de la demoiselle. Deux de ses frères avaient fini par travailler le métal avec leur père, et le troisième, grand fou – en toute ironie – était devenu cordonnier. Non, jamais le foyer Fernet n’avait été promis à un fabuleux destin jonché de gloire et de palpitants rebondissements. Et seule Mélisandre rêvait de clinquant, de parures dorées, d’amour passionné et d’histoires à raconter.
Bien évidemment, on mit cela sur le tempérament fleur bleue de la jeunette, un mal dont elle était loin d’être la seule demoiselle à en rougir. Une frêle extravagance qui s’estomperait avec l’âge, ou s’amoindrirait avec le mariage. Et quand on lui demanda, un jour «  Comment se fait-il qu’une dame comme vous ne soit pas encore mariée ? » Elle répondit
« J’attends le bon, très cher. » en omettant de préciser que le bon, lui, ne l’avait pas attendu pour se sauver avec celle qui fut son amie d’enfance, la jolie Felicia, et ce, malgré leurs fiançailles. Une histoire qui, aujourd’hui encore, fait rougir Mélisandre de colère et dont elle préfère oublier les détails, quand ce n’est pas son existence même. On ne l’y retrouverait plus, la bonne bougresse, à se faire avoir de la sorte à cause de sa naïveté et de son émoi trop bouillonnant.

Les cerithis sonnants en coffre et les aventuriers servis, la dame se permit une pause. Et même si Maître Fortecorne n’était pas très à cheval sur l’étiquette, Mélisandre préférait éviter toute situation qui aurait pu lui provoquer du souci. C’est qu’elle avait souvent l’impression de tenir l’ordre de la boutique à bout de bras, toute seule, et elle se demandait si Lady Serena, sa prédécesseur, avait ressenti la même chose jusqu’à ce qu’elle entre à son assistance. Cette femme venait à lui manquer, elle et ses ronchonnements, sa stature reptilienne rabougrie par l’âge, en haut du tabouret. Mélisandre avait fait fière apprentie, loyale subordonnée et, la majorité des règles strictes de conduite au sein du comptoir, la furry les tenait de son aînée, celle-ci repose en paix. Ces directives pouvaient sembler bien strictes, surtout aux yeux d’aventuriers peu distingués. Néanmoins, si le passage au comptoir n’était point chose obligatoire – certains préférant se fournir chez leurs forgerons ou artisans favoris – le stock des équipements du Bureau des Aventuriers couvrait un panel de choix relativement complet, tout en ayant le nécessaire basique. Si bien que Mélisandre s’était attelée à l’écriture d’un ouvrage ‘‘Le Manuel fondamental du nouvel Aventurier’’ résumant les bases de l’équipement d’usage, tout en expliquant les différences notables entre certains outillages. Néanmoins, celui-ci demeurait encore au statut expérimental et elle ne l’avait pas encore soumis au jugement de Maître Fortecorne. Elle espérait cependant, qu’un jour, celui-ci ferait office de véritable référence. Une bien belle fierté.

La petite clochette dans l’entrée manqua de faire sursauter la petite dame qui s’empressa de retourner à sa place, époussetant ses jolis jupons. Alors, Mélisandre présenta son plus joli sourire : « Bonjour, vous désirez ? »