Dures retrouvailles de ci bon matin ( Sélène )

Voilà maintenant plusieurs jours que je suis de retour à Risua. Toute ma vie se bouscule à une vitesse hallucinante. J'ai beau mettre préparer à tout ce que la vie de milicien pouvait m'opposer je n'étais vraiment pas prêt à voir interférer mes sentiments dans mon travail. Entre la traque de ma soeur et les récents problèmes avec Emilly on peut dire que je me suis bien détourné de mon chemin. J'aimerai tellement que Père soit toujours là pour m'aider...

C'est au petit matin sur les remparts du fort de la milice que je me torture l'esprit en regardant le soleil se lever sur les toits de Risua. Je suis très distant de mes collègues depuis mon retour à la capital et je ne le cache pas, ça doit même se remarquer. C'est avec une non-challance que je me suis présenté à la garde du matin, mais si on m'avait demandé je serai resté chez moi. C'est en soupirant fortement que je regarde les lunettes de mon père que je tiens entre mes mains. Au fond de moi même j'espère trouver une solution à mes remords en regardant ce souvenir de la seule personne qui a cru en moi pendant de longues années.

Je me retrouve donc avachi sur les remparts comme attendant une aide, c'est comme si je me retrouvais dans une détresse personnelle cherchant absolument une solution à un problème qui ne semble pas avoir la moindre conclusion positive. Comment puis je continuer mon travail avec tout ce que j'ai pu faire ces derniers temps ?

Un nouveau long soupir retentit de mon être. Je me torture encore et encore et ça finit par m'énerver et dans un élan de colère je pris l'épée de mon père et la lança la regardant glissé vers la porte du mirador. C'est avec agacement que je la vois tournée en glissant devant la porte qui s'ouvrit au même moment. Qui peut bien venir à cette heure-ci ?

Je suis d'humeur à envoyer balader n'importe qui. J'espère qu'il y a une raison valable pour venir me voir. À moins que cette personne soit là pour me sermonner sur mon comportement récent peut-être ? Dans tous les cas, je risque d'être désagréable, voire pire, si c'est une personne que je n'affectionne pas particulièrement, mais vraiment.

Enfin cette mission est terminée et je vais enfin pouvoir rentrer me reposer véritablement, enfin, je l’espère, surtout que j’ai un rapport monstrueux à faire. C’est donc au petit matin que je rentre à Risua, le soleil ne va pas tarder à se lever et c’est donc à pied que je fini ma route jusqu’au fort de la milice. Mon sac de voyage sur mon dos, une cape un peu déchirée qui flotte au vent et mon trident dans la main.

Cela fait du bien de rentré à la maison, je vais pouvoir prendre un peu de temps pour moi et cela ne sera pas du luxe. Mais quand j’arrive sur le fort, une silhouette attire mon regard sur ses remparts, car il ne semble pas « surveillé » comme le ferai une personne sensée le faire. Mais c’est sous les premiers rayons du soleil qu’un pelage flamboyant m’apparait, celui d’un renard que je connais, Ender.

Mais pourquoi il est là-haut ? Il semble triste, abattu et j’en passe. Si bien que je décide de le rejoindre pour lui dire bonjour et savoir de quoi il en retourne. Mais avant de monter, je passe rapidement à mon bureau pour pauser mon sac et mon trident, et me voilà partie pour le mirador où j’ai vu le renard.

Montant tranquillement, me demandant bien ce que devient le renard depuis la dernière fois, que j’entends un drôle de bruit, me pressant alors pour les dernières marches avant d’ouvrir la porte sur une épée qui vient se cogner dedans. Une épée que je connais et que j’ai fait réparer moi-même. Me baissant pour alors la prendre, vérifiant qu’elle ne sait pas casser pendant que je dis à Ender :

- Dit donc, c’est comme cela que tu prends soin de l’épée de ton père que j’ai pris soin de faire réparer pour que tu ne perdes pas ce précieux souvenir ?

Faisant quelques mouvements avec ladite épée en sortant du couloir pour rejoindre Ender. Il semble complétement abattu, désespéré, il a le même regard que moi il n’y a pas si longtemps que cela et qui revient souvent quand je me regarde dans le miroir. Allant me mettre en face de lui, tendant son épée par la garde, je rajoute doucement :

- Bonjour Ender, que se passe-t-il ? Tu donne l’impression de vouloir tout balancer par la fenêtre et toi avec.

Attendant maintenant une réponse, une réaction de la part du renard qui m’inquiéte pour le coup, oubliant que se mon côté, malgré les habits et la cape, j’ai encore plus d’un stigmate de ce que j’ai traversé il y a encore peu de temps et qui ne vont pas toute suite se refermé, rien que part le fait que je n’ai pas encore repris un poid normal et que mon poil est long d’être aussi beau et brillant qu’avant, même sans le voyage.

Je regarde attentivement la porte s'ouvrir. Qui cela peut être ! La tension monte petit à petit, je ne suis vraiment pas dans un bon jour et il y a vraiment intérêt à ce que cela n'aggrave pas les choses ! La porte s'ouvre toujours plus et soudain je suis étonné de voir la personne qui s'y présente. Sélène ! C'est vraiment la dernière personne que je m’attendais à voir arriver ici. Je me demande ce qui a pu l'attirer ici. Je me redresse alors qu'elle se penche pour rattraper mon épée à ses pieds.

Alors qu'elle à mon épée en mains elle me sermonne légèrement me disant que c'était comme cela que je traitais un objet qui m'ai cher et qu'elle a réparé lors de notre première rencontre. À sa réflexion je ne fais que grommeler tout en me penchant de nouveau vers le mur d'enceinte regardant les toits de Risua alors qu'elle s'approche de moi pour me rendre l'épée par la garde. Je soupire alors qu'elle me dit bonjour et me demande ce qu'il se passe pour donner l'impression de vouloir tout balancer. J'attrape l'épée de mon père et la range. Puis la regarde les oreilles basses et lui répond d'une voix basse.

- Bonjour Sélène loin de moi l'envie de m'afficher de la sorte devant les gens. C'est pour cela que je m'éloigne pas mal pour éviter de m'afficher.

Je soupire de nouveau remixant mon regard vers l'horizon. Je ne sais pas si je peux en parler à coeur ouvert avec sélène. C'est une très bonne amie vraiment, mais tout est si confus que je ne sais pas.

- On va dire que c'est le moment de la vie où tout ce que tu construis fait des virages dans tout les sens et menace de se casser la figure à la moindre brise de vent contraire...

C'est dur de tenter d'expliquer à une amie ce qu'il ne va pas sans pour autant se mettre soit même dans une situation encore plus délicate que celle où je me trouve actuellement.

- Et le pire c'est que je ne peux rien faire de plus que ce que je fais aujourd’hui pour empêcher que ma vie change encore du tout au tout sans faire souffrir les autres. Je suis donc condamné à prendre sur moi pour tenir sur moi des problèmes qui me dépasses et je suis fruste de ne rien pouvoir faire !

Soudain je me dis que j'en ai peut-être trop dit ! Les mots sont sortis si facilement comme si je voulais en parler avec sélène, mais dans le fond je me dis que ce n’est pas une bonne idée...

Après mon entré, Ender soupire doucement et me salut à son tour, reprenant son épée qu’il range soigneusement. Se dernier m’avoue être ici pour être justement loin de tout le monde parce qu’il ne se sent pas bien. Je me mets à ses côtés, regardant comme lui l’horizon en l’écoutant me raconter ses soucis.

Ce que je retiens de tout ce qu’il dit ? Que le pauvre Ender est au fond du gouffre, comme moi il n’y a pas si longtemps que cela, peinant à remonter à l’heure actuelle. Ce qu je fais quand il a fini, le passe une main sur ses épaules et dans son dos, le caressant comme pour le réconforté avant de dire :

- Ender, je comprends l’état dans lequel tu es, car pour tout te dire, j’étais comme toi il n’y a pas si longtemps et je n’en suis pas encore véritablement sortie…

Une ombre passant sur mon visage, touchant, au travers de mon vêtement, les alliances encore présentes autour de mon cou. Avant de continuer de parler, ajoutant :

- Je ne sais pas si je serais de bon conseil, mais si tu as besoin de vidé ton sac, je suis là, je ne vais pas te juger en quoi que se soit. Surtout que tu semble bien plus raisonnable que moi qui buvait come un trou et failli se faire virer car je me battais avec tout le monde.

Et même si je ne bois plus, ce n’est pas rare que je me batte encore un peu quand on me cherche un peu, enfin, quand je suis seule et que personne ne peut me voir faire. Cela me défoule et me soulage un peu. Je ne sais pas trop quoi dire à Ender, osant malgré tout demander :

- Tu veux bien me dire ce qui t’a mis dans un tel état ? La dernière fois qu’on s’est vu, tu étais loin de pouvoir finir dans un état pareil, il s’est passé quoi ?

Regardant toujours l’horizon, même si je jette régulièrement des coups d’œil à Ender, pour voir ses réactions et j’en passe. Ender, j’espère que ce n’est pas comme moi, que l’on ne t’a pas brisé le cœur salement.

C'est avec le poing serré que je me torture de nouveau l'esprit même si au fond je sais que la présence de Sélène me fait du bien. Cela me permet de parler franchement et d'extérioriser ce que je ressens, mais peut-elle comprendre. Si je lui parle de tous mes problèmes comment pourrait-elle réagir ? C'est une milicienne tout comme moi voir même pire mon supérieur, si je lui parle d'Emilly je ne sais pas comment elle réagirait....

Alors que ma réflexion est des plus compliquée Sélène me dit qu'elle comprend mon état de détresse, car elle a traversé là même chose il y a peu encore. Ça me fait souvenir d'une chose il est vrai que quand nous avions parlé de son fiancer elle avait laissé paraitre que ce n'était pas une personne respectable aux yeux de la loi. Je remonte ma tête vers Sélène le regard pensant, alors qu'elle reprend disant qu'elle ne sait pas si elle pourrai être de bon conseil, mais qu'elle serait là pour que je puisse vider mon sac et j'en est réellement besoin.

Je laisse paraitre un long soupir et laisse ma tête chuter de nouveau vers le sol.

- Il y a maintenant un bon moment j'étais mandaté pour retrouver une fugitive, Emilly Dashner. Fille de nobles elle avait tuer son époux suite à un mariage arrangé et avait disparu de la circulation. Sans peine j'ai réussi à la trouver et si tu as lu les rapports ou si tu t'y es intéressé elle est aujourd'hui considérée comme morte. Ce rapport c'est moi qui l'avais écrit, mais en réalité ce n'est pas vraiment la vérité.

Je me stop un bon moment tentant de retenir quelques larmes et contrôler ma respiration. Une panique commence à monter en moi, comment je vais pouvoir exprimer tout ça ? Je me pose au sol rester debout commence à me faire tourner la tête puis reprends doucement.

- En réalité j'ai passé plusieurs semaines avec elle et ... " je souffle un grand coup avant de reprendre " ... Je me suis épris d'elle et inversement. Un amour interdit et de par cela j'ai menti sur mes rapports pour qu'elle puisse toujours vivre en liberté.

Je me mets à trembler et les larmes me gagnent de plus en plus à un tel point que certaines viennent à couler le long de mon visage. Puis reprends la voix tremblotante.

- Mais il y a peu elle sait faite prendre suite à une erreur stupide de sa part... Et la voilà sous les verrous et je ne sais pas quoi faire. L'entourloupe est tel que même mes supérieurs ne soupçonnent absolument pas notre relation, mais ça me déchire le coeur et je suis perdue que faire ?

Je peux voir qu’Ender est en conflit intérieur, même s’il semble content que je sois là malgré tout. Je ne dis rien sur l’instant, mais au moment où j’allais briser le silence, c’est Ender qui le fait à ma place, commençant à vider son sac bien rempli. Sans l’interrompre, je l’écoute et immédiatement, cela me fait penser à la mienne, avec Abyss. Si bien que je comprends d’autant plus ce qui le tracasse et sa détresse, surtout après ce que j’ai traversé il n’y a pas longtemps.

Finalement, quand il me demande conseil, je soupire légèrement, regardant le ciel avant de tourner mon regard vers Ender pour lui répondre avec un petit sourire :

- Que faire ? Si tu l’aime vraiment et qu’enfreindre la loi ne te dérange pas, enfin, pour elle, tu peux essayer de la libérer discrétement. Je peux t’aider si tu le souhaite.

Je suis passé par là, je comprends, même si Abyss s’était échappé comme un grand. Je continue de parler :

- Si je te propose mon aide, c’est parce que je suis, enfin, j’étais dans la même position que toi, je ne sais pas si tu te souviens de notre discussion au sujet de mon fiancé, mais tu as dû comprendre que c’était, comme ton aimé, un hors la loi, un assassin. Je suis tombée amoureuse de lui à peu prêt de la même façon que toi de lui. Et lui aussi avait fini en prison, bon, il en est sorti avec l’aide de ses complices, mais si elle n’en a pas, nous allons le devenir.

Je suis assez sérieuse dans ma proposition, mais l’amour est plus fort que tout, même au-dessus des lois, même si cela ne m’enchante guère. Mais Ender est mon ami et je ne peux pas le voir dans cet état et sombré comme je l’ai fait suite à ma rupture avec Abyss. D’ailleurs, je sors mon collier avec les alliances en pendentif, ajoutant seulement :

- Je sais que l’amour interdit peut-être douloureux, surtout au vu de notre position de milicien. Mais tu dois être sûr de tes sentiments et des siennes avant de faire quoi que se soit, pour ne pas regretter ça, même si au vu de tes paroles, de ton côté, tu es très épris d’elle. D’ailleurs, c’est quoi son nom ?

Attendant maintenant des réactions et réponses de la part d’Ender, je suis surement celle qui le comprend le mieux dans toute la milice, même si maintenant, j’ai un cœur en miette et une mission perso à accomplir.