Madame, aux petits soins de vos désirs

L'équipement de votre personnage.

Etant un membre assez aisé de la communauté, Madame possède la Glissine Noueuse et tout ce qui s'y trouve. Egalement profusion de tenues, de bijoux et une petite dague au pommeau d'argent qu'elle cache perpétuellement sur elle.

Physique de votre personnage

De par sa race, Madame est une siamoise grande et élancée, au regard très bleu. Elle accentue les marques de ses yeux en insistant sur le maquillage noir, ce qui lui donne souvent l'air froid et dédaigneux au possible. Ses yeux sont bleu-clairs, ses oreilles, masque, bout de queue et bout de pattes un chocolat profond, ce qui contraste avec le reste de son poil blanc-crème.
Son opulence passe en grande partie par ses bijoux : bagues, bracelets, colliers et boucles d'oreilles, toujours en argent et serties de pierreries.
Ses tenues sont toujours impeccables, inspirées de la mode de tout Cerith; il n'est pas rare de la voir un matin dans un kimono serré inspiré des modes de l'Est, le lendemain dans un ensemble de voiles de soie assortis à la couleur de ses yeux et ensuite dans une haute robe au col montant.
Ce qui se cache sous toutes ces couches de vêtements, personne ne saurait le dire. Et c'est bien ainsi qu'elle veut que ça reste.

Psychologie de votre personnage

Madame est un mystère, et ce pour tout le monde. Elle vit à travers un personnage, le personnage de "Madame", ayant voulu cacher et oublier tout ce qui pré-date son arrivé à Risua. Tout ce qu'elle montre est ce qu'elle a construit avec les plus grands soins. Elle n'a pas d'âge, pas d'origine, pas d'accent, rien à part cette chatte altière qui accueille les clients aux portes de sa maison close.
Ne laisser personne s'approcher d'elle, c'est devenu son leitmotiv. Ne laisser personne s'approcher assez pour voir qu'elle n'est rien de plus qu'un amas de mensonges et de demie-vérités assemblés pour former "Madame". Ce n'est pas qu'elle est méchante ou qu'elle n'apprécie personne, mais juste qu'elle refuse qu'on devine qui elle était avant, quand elle n'était que la petite et insignifiante Ameria.
Ameria n'existe pas. Ameria n'existe plus. Il n'y a que Madame Wysteria.
De toute manière, elle s'est faite une promesse, gravée dans la chair même de son corps. Toute personne, peu importe qui se serait, qui découvrirait ne serait-ce qu'une partie de son passé, devra mourir.

L'histoire de votre personnage

Le bruit du vent et le chuchotement des feuilles étaient les seuls bruits à cette heure bâtarde, instant éphémère entre le nuit et l'aube. Elle était à la fenêtre, seule avec ses pensées, assise sur le rebord et la tête posée contre les pierres, à contempler la ville encore endormie.
La petite horloge sur le bureau brisa le silence; son cadran décoré de magnifiques papillons argentés et nacrés marqua l'heure avec des petits tintement, et indiqua qu'il ne restait plus qu'une heure avant le lever du soleil, une heure seulement de paix où elle pouvait permettre à son masque de se fissurer un tant soit peu.
Car elle était Madame, une de ceux qui vivait dans le côté obscur et peu reluisant de Cerith. Et elle n'allait en aucun cas risquer de perdre ce qu'elle avait gagné à force d'acharnement.
Le léger bruit de l'horloge jouait un rythme qu'elle connaissait par cœur, rythme qu'elle suivait du bout d'une griffe sur sa tasse de thé. Les premières lueurs de l'aube apparurent à l'horizon et elle ferma les yeux brièvement, profitant de la chaleur qui se diffusait aussitôt, malgré l'heure très jeune. L'été ici était doux, et les embruns de jasmin et de glycine remplissaient l'air en même temps que les premiers chants d'oiseaux. Oui...c'était vraiment différent de...

Madame grogna à moitié, irritée contre ses propres pensées. Tant de sensiblerie ne lui convenait pas, surtout après tout ce temps à se construire. Et tout ceci, toute sa vie, tout ce qu'elle avait crée, choyé et protégé, ce serait menacé par un simple matin estival? Quelle était cette idiotie?
Son moment de calme était terminé, il allait falloir aller au travail, remettre tout son masque et ne plus le quitter. Le miroir de son boudoir était lui-aussi décoré de papillons d'argent, et quand elle alluma une bougie, ils scintillèrent comme s'ils allaient prendre leur envol. Un petit sourire et elle en effleura un, avant de sortir ses affaires.
Les bagues et les bracelets en argent, les colliers et les boucles d'oreille prirent leur place habituelle, des étoiles dans sa fourrure sombre. D'une main habile elle appliqua le khôl le long de ses yeux, accentuant encore leur teinte bleue. Et quand elle croisa son regard dans la glace, elle frissonna: une ombre y planait, ombre qui ne disparut pas assez vite à son goût.

Non.

Elle n'allait pas y penser. Elle n'y avait pas pensé depuis longtemps. Elle avait pris bien soin de prendre ses souvenirs, sa contrée d'origine et même son nom, et de tout sceller au fond d'une boite qu'elle cachait dans son coeur. Les hautes plaines et le vent qui pouvait brûler autant qu'il pouvait faire frissonner...tout cela était derrière elle à présent. Il n'y avait pas de maisons brûlés, de corps étendus autour d'elle, sa fuite folle ni le cri perçant des vautours qui la suivaient jusqu’à dans les rêves qu'elle se forçait à oublier chaque matin. Tout le monde l'avait déjà oublié, de toute façon : un village brûlé par des maraudeurs dans un coin perdu près de Foxfield, ça n'avait aucune importance, en réalité.

Le scintillement de ses bijoux lui rappelait ironiquement tout ce dont elle avait manqué dans son enfance, même si elle n'avait pas été malheureuse. Pas vraiment malheureuse, simplement pauvre et très souvent toute seule. Son père n'était pas souvent à la maison, parti très souvent trouver n'importe quoi pour se faire de l'argent, généralement pas très légalement. Sa mère avait donc eu à s'occuper de la maison et du jardin qui donnait tout juste assez de légumes pour les nourrir tous les trois, des cinq poulets et de la chèvre rachitique qui n'allait pas faire long feu.
Et quand...quand elle se retrouva seule, à devoir se reconstruire à partir de quasiment rien, une simple vie de fille de paysans partie en fumée, elle se découvrit une aptitude pour la débrouillardise. Et la survie.
Les premières années furent sombres, violentes, et elle ne pouvait pas y refaire la moindre allusion sans avoir une envie irrépressible de vomir.
Peu importe tout ça. Elle avait survécu, construit un réseau, réussit à acheter un vieux bâtiment croulant...et à partir de là, sa vie avait pu enfin commencer.

**

Le matin avait bien avancé quand elle eut terminé ses préparatifs et dans un bruissement de soie et de brocard, elle descendit les escaliers qui séparaient ses appartements de la maison close à proprement dite. La plupart des pensionnaires dormaient encore, profitant d'un repos bien mérité avant le travail, ou de leur jour de repos hebdomadaire; Madame n'avait aucune intention de travailler ses pensionnaires jusqu'à la mort, leur santé était primordial pour les affaires.
Dans la cuisine, elle alla se préparer un thé bien chaud, puis alla dans son bureau pour s'occuper des comptes. Elle profitait du silence chaque matin pour suivre ses affaires sans la distraction des invités et des livreurs. Une fois le thé et les livres de compte terminés, elle irait voir ses fournisseurs, organiserait le rota de la journée et ouvrirait enfin les portes de la Glissine Noueuse, prête à accueillir les premiers clients de la journée.