Le bleu [rp libre]

Il l'écouta déblatérer, hochant de temps à autres la tête sans l'interrompre. Il se fichait complètement de son avis, mais n'en affichait rien. Elle pouvait le sermonner, remettre en cause une éducation quelconque, tout ce qu'elle pouvait lui dire à cet instant là n'avait vraiment d'écho auprès de lui. Seule était restée la menace, qu'il avait pris au sérieux, sans pour autant s'en inquiéter faisant office d'avertissement plus qu'autre chose.

Mais il l'écoutait, malgré tout, elle avait son attention, quand bien même. Son air neutre se ficha d'un sourire discret alors qu'il sentait son pied effleurer d'une manière assez équivoque le sien. Le message était passé, il était clair comme de l'eau de roche.

- "Content? Ouais. Bien sur. J'ai galéré pour en arriver là, alors j'suis plutôt fier ouais. On verra c'que ça donne, moi j'suis pas du genre à m'emballer facilement, j'sais pas trop comment ça va s'passer avec les aut' milicien, donc j'pourrai t'confirmer si j'suis vraiment content ou pas dans un p'tit peu d'temps...", dit-il en marquant une petite pause avant de reprendre, souriant un peu plus, "J'pourrai t'en causer à l'occasion avec un peu de r'cul, un d'ces quatre... j'sais pas, un soir, autour d'une bouteille, chez toi?"

J’ai l’impression qu’il m’écoute, mais en même temps non, ou alors, il s’en fiche royalement de ce que je raconte, mais à la politesse de m’écouter jusqu’au bout sans m’interrompre. Enfin bon, ce n’est pas grave au final, je ne sais même pas pourquoi je me suis mise à parler de ça alors que mon ventre réclame sa pitense, chose que je ne me retiens pas de faire une fois terminer de parler.

Maintenant c’est à moi de l’écouter dire qu’il est content d’être ici après en avoir bavé pour y arrivé, mais souhaite faire d’abord un jugement plus approfondi sur la question avant de me dire définitivement que tout cela lui plait véritablement. Sinon, ses dernières paroles me font sourire, buvant tranquillement un verre avant de répondre :

- Avec plaisir Maguieros, quand tu veux, j’ai en plus une bonne bouteille chez moi qui n’attend que d’être ouvert.

Soupirant de bonheur une fois mon ventre plein, ajoutant :

- Ahhh, cela fait vraiment du bien de manger. Sinon, je suppose que tu veux rentrer chez toi maintenant, annoncer à ta famille ta nouvelle vie ? Les tests sont finis, normalement, on va te faire signer ton contrat avant que tu ne partes ou au pire demain à ton retour, te donnant aussi le nom de ton instructeur pour tes premiers entrainements et missions, avant d’être affecter à ton équipe définitive.

Je m’étire longuement, ma queue faisant pareil derrière moi, grimaçant légèrement quand la morsure de mon épaule se réveille un peu. Comme on dit, qui aime bien, châtie bien. Je me lève en prenant mes restes de repas en terminant sur :

- Enfin, sauf si tu veux que je te montre plus de chose à la base ou pas. Je suppose que je n’ai pas besoin de te montrer les cachots, au vu de ce que tu m’as dit, tu y as surement déjà fait un petit séjour dedans.

Avec un clin d’œil complice et de mettre ma vaisselle sale dans un bac où il y en a déjà. Alors le loup, autre chose en tête ? Une dernière question ? Ou geste.

Il mangea son assiette rapidement, visiblement la faim le creusait aussi plus que de raison. Il avait terminé avant elle, c'était une grande gueule, pour parler comme pour manger. Il lui offrit malgré tout un sourire à sa réponse quand à passer boire un verre chez elle. Ou deux.

Il lui fit un hochement de tête au fait qu'il allait rentrer. Il s'imaginait sa mère impatiente, attendant son retour avec excitation... Ce projet, ce changement de vie, était aussi le sien. Elle l'avait remis sur les rails. Elle l'avait ramené dans le droit chemin avant qu'il ne finisse de l'autre côté des grilles des cachots... cachots dont elle commence à parler d'ailleurs. Un séjour en cellule?

Son air se renfrogna légèrement à la supposition. Il la regarda avec un air moins sympathique, soudainement. Bien que son regard ait été porté sur elle l'instant juste avant avec un certain... désir, il ne l'était plus. Il l'avait regardée s'étirer, s'étendre, rappeler à son bon souvenir les moments passés, mais ces derniers mots venaient de briser un peu tout de ça... Il n'avait rien montré de qui il était auparavant. Rien. Cela faisait des années qu'il avait fait tout redevenir quelqu'un, ne plus être ce caïd qu'il avait été.

Son dernier geste fut de se lever, de faire de même qu'elle, déposer sa vaisselle dans le bac. Son clin d'oeil complice n'eut qu'un air froid en retour. C'est sans un mot ni un regard qu'il sortir de la cuisine, puis du fort de la milice, pour disparaître dans la ville, retournant jusqu'à son domicile qu'il partageait avec sa mère.